Aujourd’hui, c’est l’Aïd-El-Fitr, la fête qui célèbre la fin du mois de Ramadan. Il s’agit d’un mois sacré pour les musulmans, durant lequel il leur est interdit de boire, de manger, de fumer et d’avoir des relations intimes du lever au coucher du soleil. C’est un mois durant lequel on essaie de ressentir différemment sa spiritualité, son rapport à la vie, à soi, où l’on peut prendre le temps de lire et surtout, de partager avec sa famille, ses amis etc…
Ces dernières années sont particulières, dans la mesure où ce mois de jeûne se déroule l’été et que, forcément, les journées sont très longues. Le jeûne commence dès 4h30 du matin pour se rompre un peu avant 22h. Alors, pour tromper son ennui et la fatigue dus aux fortes chaleurs et l’absence de nourriture, paradoxalement, on cuisine ! Et oui : en réalité, passée la première semaine d’immersion où j’avoue que la faim et la soif se sont bien faites sentir, le corps se met au diapason de ce rythme et vous ne pouvez que le suivre. On est au ralenti, à l’écoute de ses sensations, on ne pousse pas. J’ai la chance d’être en vacances, donc il m’est plus simple de gérer. Quand je suis fatiguée, je me couche 1h ou 2, puis je vaque à mes occupations. Mais après, il faut que je cuisine. J’ai organisé un repas de rupture du jeûne, appelé « ftour » en arabe pour mes camarades Franglaises et moi-même. Ils ont joué le jeu et ont attendu le moment tardif de la rupture à 22h pour manger avec moi. C’était donc l’occasion de partager avec eux un bout de mon enfance autour d’un repas traditionnel algérien, tel que j’en ai connus petite. On a commencé avec les fameuses dattes et le verre de lait qui va bien avec, afin d’apprécier le moment de la première bouchée qui soulage et de la première gorgée désaltérante.
Puis, nous avons partagé une « chlada mechouiya », composée de poivrons grillés, de tomates crues avec une vinaigrette à l’huile d’olive. Nous l’avons accompagnée de pain traditionnel levé, « Aghroum Tamentount » en kabyle (plus connu au Maroc sous le nom de « Batbout ») ainsi que de galette « Aghroum Aqouran » en kabyle, « Kesra » en arabe.


Nous avons poursuivi notre repas avec une des soupes traditionnelles, la chorba, pleine de légumes et d’épices pour bien se réhydrater après une chaude journée. Elle était accompagnée de ses bricks à la viande hachée, appelées « Boureks ».
Évidemment, nous avons fini avec le fameux thé à la menthe et ses petits gâteaux aux amandes.
Il est important de ne pas abuser de la nourriture, de toute façon, notre corps nous dit quoi faire pour le sustenter sans l’agresser. Beaucoup pensent que le jeûneur se rue sur la nourriture dès le soleil couché, sachez que c’est physiquement impossible. On est bien trop fatigué, alors on prend son temps, on se réhydrate d’abord afin de réveiller la petite faim qui se cache. Aujourd’hui, c’est la fête, alors très belle fête en famille, entre amis, c’est un équivalent de Noël ou d’un bel anniversaire : la joie est universelle !